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un autre regard

Blog de la section du parti communiste de l'agglomération d'Elbeuf

Conseil municipal d'Elbeuf : intervention de Dominique Bourgois pour le groupe des élus Front de Gauche

Publié le 20 Novembre 2013 par PCF ELBEUF in expression des élus

Collection et photos © Pierre sbasnik (www.normandy-normandie.com)

Collection et photos © Pierre sbasnik (www.normandy-normandie.com)

"Monsieur le Maire, Chers collègues, chers amis.

Il s’agit du dernier débat d’orientations budgétaires de notre mandat.

Ces orientations ont pour ambition de répondre avec une même constance et avec un même niveau qualitatif, aux besoins de services publics de qualité des Elbeuviens.

C’est ce qui fait que ces orientations sont aussi les nôtres.

Nous considérons qu’il est précieux pour les habitants, de bénéficier d’un tel champ de citoyenneté, d’accès à la culture, d’accès aux savoirs, à l’éducation, d’une multitude de services indispensables à l’épanouissement et à l’accompagnent quotidien de toutes les catégories de population dans les multiples domaines de la vie quotidienne.

Ces orientations budgétaires à l’attention des elbeuviens traduisent des choix politiques que nous croyions humains, que l’on soit un habitant homme, femme, salarié, jeune, retraité, cadre ou malheureusement en difficulté sociale.

De ce point de vue, ce sont des objectifs empreint de bien du mérite dans une société qui se barbarise économiquement.

Il est clair, que nous ne partageons pas l’orientation politique du gouvernement.

Nous sommes, au contraire, inquiets du fait de ce qu’elle génère pour les administrés et le personnel de nos services opérant dans des conditions qui peu à peu dépassent la seule notion d’optimisation des dépenses.

On parle d’une baisse de 4,5 milliards de dotation de l’Etat aux collectivités en deux exercices budgétaires.

Nous sommes inquiets, car nous nous demandons, combien de temps encore Elbeuf, comme de nombreuses collectivités locales, pourra échapper aux conséquences de la politique de désengagement de l’Etat que nous dénoncions ensemble sous Nicolas Sarkozy et qui se poursuit aujourd’hui avec François Hollande.

Le résultat c’est que les communes sont de plus en plus livrées à elles mêmes face à des familles de plus en plus exaspérées par une profonde dégradation de leurs conditions de vie.

Le sentiment d’être ceux qui payent, injustement, le plus lourd tribut d’une crise qui n’est pas la leur, grandit, sans qu’aucune force politique Républicaine ne trouve grâce à leurs yeux.

Dans ce contexte, ce ne sont pas les « extrémismes » qui menacent, mais l’extrême droite…, car il n’est pas de plus grand péril pour notre démocratie qu’un peuple qui pense que de toute façon, il n’a plus rien à perdre.

Cette exaspération s’étend dans toutes les configurations sociologiques des familles populaires et de son immense panel salarial.

Nos dirigeants, malgré la douleur sociale engendrée, continuent d’imaginer qu’un jour, dans notre pays, ça ira mieux grâce à une croissance qui résulterait d’une compression extrême des dépenses publiques d’une part et d’une politique de l’offre d’autre part, c'est-à-dire, dans la pratique, de la baisse des salaires.

Nous demandons au contraire que le secteur public ait les moyens de développer ses services et de contribuer ainsi au dynamisme économique du pays.

Nous demandons que la politique de l’offre, celle de la course folle à la compétitivité, misant sur l’exportation, laisse place à une politique de production organisée autour des besoins intérieurs, s’appuyant sur les exigences de transition écologique, d’augmentation du pouvoir d’achat, mis en cohérence dans un processus politique audacieux, de gauche.

Car à supposer que cette politique de l’offre contribue à relancer un tant soit peu les exportations françaises. Cela ne concernerait qu’à peine 20% de la richesse produite.

On passerait donc à côté de la relance de 80% de l’économie réelle du pays.

Quand on en arrive même à expliquer que la prochaine hausse de la TVA, injuste parce qu’impactant d’avantage les plus modestes, n’aurait pas d’incidence sur le pouvoir d’achat des familles, il ne faut pas s’étonner de l’éloignement des citoyens du fait politique.*

On nous demande de croire l’incroyable.

La réalité c’est que les familles vont être ponctionnées de 7 milliards d’euros avec cette TVA alors que dans un même temps seront offerts 20 milliards de crédits d’impôts aux actionnaires, sans contrôle fiscal, sans orientations claires et ambitieuses.

La réalité c’est que les petites retraites, comme le dénonce, sans être entendu, Gérard Filoche, membre du bureau national du PS, seront ponctionnées de 2,7 milliards du fait de votre projet de recul inédit du départ à la retraite jusqu’à 67 ans pour un taux plein, le tout financé presqu’exclusivement par les salariés et les retraités du fait des larges compensations patronales.

La réalité, c’est qu’avec l’ANI et la diminution du nombre d’inspecteurs du travail, le gouvernement est en train de renforcer les rapports de subordination, donc de soumission des salariés vis-à-vis de leurs employeurs et que cela se traduira de plus en plus par des baisses de salaires avec chantage aux licenciements ou à la délocalisation.

Nous le savons, ici, un point de vu anti libéral comme celui que j’exprime et un point de vue empreint de réalisme économique libéral, n’ont jamais raison l’un de l’autre, ce sont deux conceptions antagoniques tout simplement.

C’est bien pour cela qu’il y a deux conceptions, malheureusement de plus en plus distinctes, de ce que doit être la gauche.

Aujourd’hui, cela se traduit par un grand malaise à gauche qui s’exprime parfois même au sein même du PS, dans la gauche antilibérale toute entière évidemment, mais aussi dans toute la France et dans toute l’Europe.

Tenter de séduire la finance au lieu de la mettre réellement à contribution, c’est la laisser gouverner et c’est poser un problème de recettes à la France …c’est une politique qui fait mal au peuple et elle fait mal à la gauche dans toutes ses composantes.

Hors c’est à la finance de payer cette crise, de payer le passif laissé par la droite au pouvoir durant 10 ans.

On entend parfois dire, injustement, qu’il y a dans la critique de la politique actuelle, la volonté de voir l’échec de ce gouvernement.

A ce sujet, nous disons que le PS sera inéluctablement sanctionné pour ce qu’il est en train de commettre, mais que les autres forces de gauche en pâtiront malheureusement, entrainées, pour une grande part, dans une interprétation globale de ce qu’est la gauche dans la culture politique de notre pays.

Il n’y a donc pas sujet à réjouissance, sauf à être « maso » ou indifférent aux souffrances des populations.

Seulement, nous avons le droit de refuser cette politique suicidaire sans être taxer, au nom du dogme de la pensée unique, d’extrémistes ou de partisans des déficits publics.

Bien évidemment ce n’est pas ici, à Elbeuf que les choses se jouent, nous n’évoquons ici que les orientations locales qui seront les nôtres et sur lesquelles nous sommes globalement d’accord.

Que pouvons-nous faire si ce n’est condamner la politique nationale qui la conditionne, tout comme nous la condamnions ensemble lorsqu’elle était menée sous la présidence de Nicolas Sarkozy ?

Que pouvons-nous ici au fait que Francois Hollande court avec le témoin que lui a transmis Nicolas Sarkozy, dans la même triste course de relais austéritaire, d’une politique européenne qui met à genoux toutes les populations d’Europe ?

Ce qui se passe est ahurissant et nous ne nous y attendions pas lorsque le Front de Gauche a apporté sa contribution déterminante, sans regret, à la défaite de Nicolas Sarkozy.

Les relations de causes à effets sont toujours là, entre les choix gouvernementaux et ce qu’ils impliquent et les élus locaux ne peuvent pas ne rien en dire.

On ne pourra pas durablement mettre les élus d’Elbeuf en situation d’aller devoir mettre localement des pansements sur les conséquences d’une politique nationale de plus en plus hémorragique socialement.

Dans notre esprit, il n’y a pourtant pas de doute sur le fait que d’arrache pied, les élus elbeuviens lors du prochain budget et de ceux d’après continueront comme ils l’ont toujours fait à déterminer les choix les plus justes et répondant au mieux à l’intérêt général, mais dans quelles conditions ?

Je finirai en disant qu’on ne peut pas regarder Elbeuf sans être sensibilisé et imprégné par son histoire ouvrière, par ce qui fait la diversité générationnelle et sociologique de sa population.

Cette ville a été durement marquée, au cours de son histoire, par tout ce qu’elle a dû déjà traverser.

Cette ville est belle du fait de cette histoire mais aussi grâce à tout ce qui a été réalisé localement, d’investissements multiples et audacieux, par les équipes municipales qui se sont succédées et faisant le choix juste d’un très bon niveau d’équipements et de déploiement de services publics de grande qualité.

Grace à tout cela, c’est une ville qui vous adopte sans réserve, qui vous donne de l’identité et du lien aux autres et tout cela est le fruit des elbeuviens eux-mêmes et de leurs élus.

C’est en cela que nos orientations budgétaires sont justes sur le fond, c’est parce qu’elles s’inscrivent dans cette continuité et cette cohérence locale…, mais que cette politique nationale et européenne à laquelle contradictoirement vous souscrivez met déjà et va mettre, plus encore, en difficulté".

 

*Dans son rapport le présentation du Débat d'Orientation Budgétaire dont Didier Marie (président socialiste du conseil général 76) a fait la synthèse pour introduire le débat, on pouvait lire, entre autres flatteries sur le "courage gouvernemental" la phrase suivante : "La hausse de la TVA n'impactera pas le pouvoir d'achat des familles...grace à des mécanisme compensatoires"... pas de doute, la situation est grave...

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S
la belle photo qui appartient à Normandy-normandie.com merci de le mentionner
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P
Oups, mille excuses. L'erreur est réparée. Merci de votre vigilance.