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un autre regard

Blog de la section du parti communiste de l'agglomération d'Elbeuf

Entretien avec Sébastien Jumel : « Le peuple de gauche doit être rassemblé" (Paris-Normandie)

Publié le 28 Octobre 2013 par PCF ELBEUF in revue de presse

Entretien avec Sébastien Jumel : « Le peuple de gauche doit être rassemblé" (Paris-Normandie)

Politique : Sébastien Jumel, maire communiste de Dieppe, évoque la Région, les élections et la politique du gouvernement



La loi Florange, destinée à sauver l’industrie, vient d’être votée. Selon vous, ce texte-là va-t-il dans le bon sens ?
« La spirale de la désindustrialisation n’est pas inversée et la casse continue de provoquer des dégâts économiques et humains colossaux. La visite présidentielle à Florange était à hauts risques. Il est venu avec un porte-monnaie ouvert mais je constate que, pour l’instant, les hauts fourneaux sont fermés et que la désillusion et le désespoir sont très forts ».
Et la proposition de créer, à Florange, un centre de recherche sur l’acier ?
« Elle est prise comme une lueur d’espoir par les syndicats. Ils ont raison de s’y accrocher. Je suis fils de soudeur et j’ai grandi avec la crise de la sidérurgie en tête. Depuis trente ans, la France a perdu son savoir-faire ouvrier et industriel. On aurait dû le préserver tout en lançant de la recherche pour moderniser cette industrie. La loi Florange arrive tard et ne va pas assez loin. L’une des clés pour préserver un avenir industriel, c’est de donner de véritables droits d’intervention aux salariés. Qui mieux qu’eux va défendre l’outil industriel ? On est loin de cela… ».
En quoi, cela changerait la donne ?
« Pour prendre un exemple régional : quand nous avons organisé à Dieppe les assises de l’automobile à un moment où nombreux étaient ceux qui considéraient que cette industrie-là était dépassée, nous avons fait la démonstration qu’il y avait un avenir industriel sur notre territoire. Cela débouche sur l’arrivée de nouvelles productions : l’Alpine Renault et la voiture électrique de Bolloré. Quand on prend le temps d’écouter les acteurs économiques et des salariés sur des alternatives à apporter à la casse industrielle, on voit qu’ils ont des propositions intelligentes. C’est aussi le cas à Sandouville avec le projet de déconstruction, dans la filière papetière chez M-Real, chez Safran à Harfleur. Ce n’est pas le cas à Petit-Quevilly, chez Schneider ».
Quel regard portez-vous sur la pression fiscale ? Pensez-vous qu’il y a un ras-le-bol fiscal ?
« Coluche disait, dans une formule qui reste d’actualité, que les riches ont compris qu’il faut faire payer les pauvres parce qu’ils sont plus nombreux. On nous annonce un budget 2014 avec l’augmentation de la TVA, la fin de l’abattement pour les enfants scolarisés, un budget de la Sécurité sociale qui va bousculer les remboursements et détruire encore plus les moyens pour l’hôpital public… Bref, une fiscalité qui décide de faire payer les ménages plutôt que de faire payer ceux qui font de l’argent en dormant. Il y a une injustice fiscale insupportable, d’autant que lorsqu’on annonce que 3 Md€ vont être ponctionnés sur les collectivités locales. Il faut réformer la fiscalité en profondeur. Cette promesse de François Hollande est en panne ».


« le parti pris de l’humain est au cœur de tout »


En matière d’empois, le gouvernement a choisi la stratégie du contrat aidé. Est-ce la bonne méthode ou est-ce une demi-mesure ?
« Il ne faut renoncer à aucune mesure. Les Emplois d’avenir représentent une opportunité pour les jeunes. Comme maire, j’ai signé vingt contrats dans un premier temps. Nous n’avons pas à rougir de cela quand on voit les chiffres des plus grandes collectivités. La vraie solution pour l’emploi reste le soutien à l’économie réelle, une stratégie de consolidation des filières industrielles et de préservation des moyens des services publics. Les emplois aidés sont une mesure conjoncturelle et j’ai peur que leur effet soit annulé par la réforme des retraites ».
Pour quelles raisons ?
« On dit qu’on ne touche pas à l’âge de départ et on nous demande de cotiser plus longtemps ! Les gens qui ont des métiers pénibles ont des raisons de s’inquiéter. Certes, on vit plus longtemps, mais l’espérance de vie en bonne santé diminue. Si on travaille plus longtemps, les postes ouverts pour les jeunes vont être réduits. On se retrouve face à l’annulation d’une réforme positive pour les jeunes par les effets de la réforme des retraites ».
Sur la question des Roms, François Hollande a recadré Manuel Valls et Cécile Duflot. Beaucoup de maires sont confrontés à la question des Roms, notamment les villes frontières. Quel est votre avis ?
« Jamais l’instrumentalisation de la misère, quelle qu’elle soit, n’est de nature à régler les problèmes. Il y a un problème objectif de cohabitation des Roms avec les populations locales, d’absence d’intégration liée aux politiques publiques, mais on ne le règle pas avec des effets d’annonce ni avec un débat qui nourrit ceux qui rêvent d’opposer les uns aux autres. On le règle avec des mesures concrètes. Je suis préoccupé par ce débat malsain ».








Est-ce que vous estimez, comme Jean-Luc Mélenchon, que Manuel Valls tient le langage de l’extrême droite dans ce dossier ?
« Non, Manuel Valls reste un républicain. Il est ministre de l’Intérieur, pas des solidarités ou de la coopération. Malheureusement, il joue sa partition personnelle, ce qui a pour conséquence un manque de lisibilité de la politique gouvernementale sur cette question ».
Trouvez-vous que ce gouvernement joue dans la cacophonie ?
« Il est pris dans une contradiction majeure : comment porter un projet de gauche – et c’est nécessaire – sans se débarrasser ou desserrer le carcan européen austéritaire ? À partir du moment où cette contradiction n’est pas surmontée, on oscille entre austérité, fiscalité injuste et des signes donnés au peuple de gauche. L’absence de cohérence est liée à cela, avec un grand écart fait à Merkel et à la Commission européenne et la nécessité de répondre aux besoins des gens. Je crois que si l’on ne se mobilise pas sur ces questions-là, attention danger ! »
Qu’est-ce que cela signifie ?
« La fracture sociale et le délitement social peuvent aboutir au détricotage de la société. Je suis pour construire une société où le parti pris de l’humain est au cœur de tout, où l’on est moins préoccupé par les larmes de crocodiles du Medef que par la dignité des gens qui ont des larmes à l’intérieur ».
Cela aura-t-il des répercussions sur la campagne des municipales ?
« Le peuple de gauche a exprimé, dans le rejet de la droite, son aspiration au changement. Il reste rassemblé et il faut que nous soyons fidèles à cette volonté pour porter un projet de gauche, y compris aux municipales. Il y a des endroits fragiles, comme à Rouen, où les écologistes ont des velléités très affirmées, mais aussi Lillebonne, Mont-Saint-Aignan, Eu, Offranville, Montivilliers, Vernon et Evreux. Et puis, il y a les reconquêtes. Je partage l’idée de Didier Marie : on peut reprendre Le Havre, Darnétal, Bolbec… Nous avons nos chances mais l’intérêt des gens doit l’emporter sur les intérêts personnels ».
Vous souhaitez un accord national avec le PS dès le premier tour ?
« Je suis d’accord avec Guillaume Bachelay : le peuple de gauche doit être rassemblé mais pas avec des accords à l’ancienne qui sont désuets. Ce dont on a besoin, ce n’est pas forcément de signer un papier avec des logos mais de s’inscrire dans une dynamique qui soit porteuse d’un projet de gauche. C’est ce que je veux continuer à porter pour revendiquer le parti pris des gens contre le parti pris de l’argent ».


« Gouvernance plus ouverte »


Le PS aurait fait de Dieppe l’une de ses priorités. Croyez-vous à l’hypothèse d’une candidature d’Alain Le Vern ?
« Je ne sais pas ce que l’on entend par le PS. Quand on regarde la carte régionale, j’ai le sentiment qu’il peut y voir plusieurs PS… À Sotteville-lès-Rouen, des expressions différentes s’expriment, comme à Montivilliers et, quelques fois, l’organisation de primaires est là pour réguler des désaccords plus fondamentaux, comme au Havre. J’entends Didier Marie et Guillaume Bachelay être porteurs de la nécessité que le peuple de gauche soit rassemblé. Il ne peut pas l’être à un endroit et pas à l’autre. Il faudra une cohérence, pas une stratégie à la carte. Je ne sais pas s’il y a une extrapolation du concept de mariage pour tous mais le mariage pour tous, ce n’est pas le mariage avec la droite ! La décision de faire alliance avec la droite est un mariage contre-nature. Je ne suis pas sûr que ce soit la stratégie du PS. Est-ce que je crois à sa candidature ? Moi, je crois en Dieppe et le reste ne m’empêche pas de dormir. Chaque jour, on annonce un nouvel atterrissage pour l’ancien président de Région, c’est une décision qui lui appartient ».
Lorsqu’il dit que Dieppe est malade, que la ville doit être guérie et que son maire est un diviseur, que lui répondez-vous ?
« Les Dieppois aiment leur ville. Ils ont un rapport de confiance avec leur maire. La force que je représente obtient l’adhésion massive des Dieppois. La ville bouge, elle rayonne. Les médias nationaux parlent de la ville en bien et montrent que la ville est attractive. Les gens souffrent des politiques conduites au plan européen et national, mais la ville résiste et est belle. Moi, j’aime ma ville et je la défends. J’en suis fier. Quand on a une autre vision de cette ville-là, c’est qu’on ne l’aime pas et qu’on n’aime pas les gens qui y vivent. Moi, j’aime les gens qui habitent cette ville parce que je vis avec eux ».
Attendez-vous du futur président de la Région, Nicolas Mayer-Rossignol, qu’il réintègre dans l’exécutif les vice-présidents communistes ?
« J’ai cru déceler chez Nicolas Mayer-Rossignol la volonté – et c’est notre aspiration - d’avoir une gouvernance plus ouverte et plus respectueuse dans laquelle les communistes ont toute leur place. Aux régionales de 2010, j’ai été le porte-parole de ma famille politique et j’ai porté la question du développement industriel pour la région. J’attends donc que cette priorité soit portée à l’échelle régionale. J’ai porté l’idée d’un aménagement du territoire équilibré n’excluant aucune zone. J’ai porté l’idée d’une région qui investit pour les générations futures. Si Nicolas Mayer-Rossignol s’inscrit dans cette dynamique-là, les vice-présidents communistes et républicains seront force de proposition et d’action au service des habitants de la région. Oui, il serait légitime que Céline Brulin et Noël Levillain, qui sont des élus forces de proposition, efficaces et pragmatiques, réintègrent leurs responsabilités ».
À propos de l’équilibre du territoire, partagez-vous l’enthousiasme autour du rapport Duron sur les infrastructures de transports ? Est-ce que Dieppe s’y retrouve ?
« L’axe Seine et la nouvelle ligne ferroviaire constituent une opportunité historique pour redynamiser l’activité économique et structurante de la région. Mais si cette arête dorsale n’a pas d’arêtes latérales pour irriguer l’ensemble du territoire, alors ce sera un aspirateur à déménager ».
C’est votre crainte aujourd’hui ?
« C’est une crainte qu’il faut exprimer pour qu’il y ait des contreparties. Je suis favorable à la ligne nouvelle à la condition que cela ne se résume pas à une gare à Rouen et un bout de tronçon ferroviaire. Il faut que la ligne Dieppe-Rouen soit connectée et cadencée à la ligne nouvelle, que le désenclavement fret ferroviaire soit au rendez-vous pour qu’au bout du compte, cette ligne nouvelle profite à l’ensemble des haut-normands. De la même manière, structurer l’activité industrielle autour de la vallée de la Seine, c’est bien mais à condition qu’on prenne en compte les hinterlands, notamment le port de Dieppe dans sa capacité à capter des marchés de niche, à développer des logistiques complémentaires ».
Où en est-on de l’arrivée d’un nouveau trafic de marchandises en provenance de Turquie évoqué en début d’année par Alain Le Vern ?
« Je n’en ai pas connaissance. Je souhaite, et j’ai confiance, que le nouveau président de Région établisse un dialogue permanent, constructif et ouvert avec l’ensemble des élus de cette région. La responsabilité du nouveau président de Région et le nombre de dossiers qui l’attend sont importants. Il a la capacité d’exercer cette responsabilité. Il faudra qu’il le fasse dans le dialogue et la co-élaboration »


« Capitale de l’énergie »


Quelle est la place de Dieppe dans la filière de l’éolien offshore ?
« Nous considérons que le bouquet énergétique du nucléaire et de l’éolien est nécessaire à construire et à préserver. Il y a deux grands projets qui vont irriguer notre territoire : les deux carénages envisagés pour les centrales de Paluel et Penly. C’est plus de 1,2 Md€ pour chacune des centrales avec, à la clé, de l’activité pour les entreprises. Le projet éolien va plus profiter au Havre qu’au port de Dieppe mais devrait quand même nous permettre d’avoir une plate-forme de maintenance. Dieppe, capitale de l’énergie, peut légitimement revendiquer des filières d’excellence en matière de formation supérieure dans ce domaine-là »
La plate-forme est actée ?
« Oui. Il faut faire en sorte que les emplois créés ne détruisent pas les emplois existants, notamment dans le domaine de la pêche. À la faveur de ce projet, on ne doit pas transformer les pêcheurs en danseurs folkloriques qui vendent du poisson une fois par an. On doit les aider à continuer à vivre du métier dont ils sont fiers. Il faut que les emplois créés profitent aux gens d’ici et l’entreprise choisie devra être mobilisée sur les questions de formation initiale et continue ».
Avez-vous fait une croix définitive sur l’EPR ?
« Le gouvernement a renoncé à ce projet, c’est dommage. Je reste attaché à ce qu’il y ait un bouquet énergétique diversifié. Le nucléaire n’est peut-être pas la solution, mais je considère qu’il n’y a pas de solutions sans nucléaire. Quand le gouvernement aura conscience que les gens n’acceptent plus de payer de plus en plus cher leur énergie, que la compétitivité de l’industrie repose sur le coût de l’énergie et pas sur les salaires, alors la raison l’emportera et l’on reparlera des centrales de nouvelle génération ».
Vous avez parlé des impôts locaux. Allez-vous les augmenter ?
« Non, je suis cohérent avec ce que je dis sur l’injustice fiscale. Je n’augmenterai pas les impôts. Il va falloir se battre pour que nous ayons les moyens de fonctionner. Pour cela, il faut pouvoir conserver les communes qui sont menacées par le projet des métropoles. Les communes sont le ciment de la cohésion de notre pays ».
Faut-il supprimer des échelons administratifs ?
« Il faut une clarification des compétences et une complémentarité. Le tandem commune-département est à préserver. La question n’est pas de savoir s’il y a trop d’échelons, mais à quoi servent les politiques publiques. Si elles sont utiles aux gens, elles seront défendues. Quand les intercommunalités sont là pour financer des études ou des schémas, on se demande à quoi ça sert… »


En bref


En route vers le sénat ?
Certains prêtent à Sébastien Jumel l’ambition d’entrer au Sénat, en 2014. Mais pour lui, l’actuel sénateur PC de Seine-Maritime, Thierry Foucaud (photo), également maire de Oissel, est « un excellent sénateur et il faut le garder ». Il l’affirme : sa candidature ne serait pas à l’ordre du jour. « Je suis un maire au travail et en permanence sur le terrain », ajoute-t-il.


Sébastien Jumel en dates
1971, naissance à Sainte-Adresse ;
1989, adhésion au PCF ;
1994, directeur de cabinet de Christian Cuvilliez, maire de Dieppe ;
1995, conseiller municipal de Gonfreville-l’Orcher, où il a grandi ;
2002, conseiller général de Dieppe-Ouest ;
2004, vice-président du conseil général ;
2007 et 2012, battu aux législatives par Sandrine Hurel ;
2008, maire de Dieppe ;
2010, tête de liste PCF au premier tour des régionales.

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L
Je suis surpris de lire dans un journal local paru le jeudi 19/09/2013 l'interview de la députée SH" ( que vous citez par son nom) de jeune fille et non paar son nom marital Le Vern .son propos : " l'exigence démocratique " et " sa participation à la loi sur le patrimoine " ! En sus sachant que, dans un journal local en date du 4 avril 2013, " elle déclarait ne rien posséder et que 99% des élus étaient honnêtes , qu'elle louait un petit appartement avec son compagnon " , important, je dis bien compagnon ! La réalité est bien différente . Elle possédait déjà depuis 2007 une maison , donc, "non déclarée "dans le Gard , ce qui est vérifiable par tout citoyen sur "dirigeant . Com " + K bis sur "Infogreffe " et ce depuis ...2007!!!. Cette députée a même oublié son mariage en 2009 avec le dit compagnon, "Alain Le Vern" . Ou elle perd la mémoire : alors il faut qu'elle change de job . Bon elle vient de se faire mettre à la porte de conseillère générale au premier tour et a aussi été battue aux municipales de part son alliance malsaine contre S Jumel et nous espérons la voir disparaître complètement aux législatives prochaines, nous n'avons pas besoin de ce genre d'élue, pour qui le mensonge est quotidien ! Elle est d'un cynisme remarquable et à toute épreuve . Donc forcément ,elle fait parti du 1% qui n'est pas honnête elle s'auto positionne dans ce 1% à bannir . Je conseille tout de même à cette députée de retirer ses gros sabots afin d'éviter de réveiller ses électeurs ??! Proverbe : bille qui roule etc..
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