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un autre regard

Blog de la section du parti communiste de l'agglomération d'Elbeuf

Interdiction des encres de tatouage : vers une catastrophe sanitaire et sociale

Publié le 2 Décembre 2013 par PCF ELBEUF

Les encres de couleurs chaudes seraient interdites à partir du 1er janvier 2014 (photo : punky tattoo)

Les encres de couleurs chaudes seraient interdites à partir du 1er janvier 2014 (photo : punky tattoo)

A partir du 1er janvier 2014, uniquement en France, les tatouages vont perdre bon nombre de leurs couleurs.

Cette décision, si elle est prise, mettra en péril des milliers d'emplois et risque, sans nul doute, de provoquer des problèmes sanitaires...un comble quand on sait que l'ANSM (Agence Nationale de la Sécurité du Médicament) est à l'origine de toute cette affaire !!!

Explications....

Tin-tin et Grenouille, leaders du Syndicat National des Artistes Tatoueurs (S.N.A.T), ont été reçus mercredi 27 novembre à l'Assemblée nationale. (Fred Dufour - AFP)

Tin-tin et Grenouille, leaders du Syndicat National des Artistes Tatoueurs (S.N.A.T), ont été reçus mercredi 27 novembre à l'Assemblée nationale. (Fred Dufour - AFP)

Chronologie des faits

Le 6 février 2001, l'ANSM prend un arrêté qui dresse la liste des produits ne pouvant entrer dans la compostion des produits cosmétiques.

 

En janvier 2013, des dermatologues alertent sur les dangers des tatouages éphémères et permanents (dans le texte, ceux-ci rappellent d'ailleurs que le choix du tatoueur est essentiel et que "le risque majeur lors d'un tatouage (est) la contamination croisée". Nous y reviendrons plus tard).

 

Le 6 mars 2013, un nouvel arrêté de l'ANSM étend le champ d'application de l'arrêté du 6 février 2001 aux produits entrant dans la composition des encres de tatouage. Dans un dernier arrêté en date du 24 mai 2O13, la date d'application de l'interdiction est portée au 1er janvier 2014.

 

Pourquoi une telle décision ?

L'ANSM avance l'argument, séduisant de prime abord, du "principe de précaution". En effet, si des produits sont dangereux en application superficielle sur la peau alors ils devraient l'être tout autant lorsqu'ils sont insérés à l'intérieur de celle-ci. Evident ! ...peut-être un peu trop !!!

 

Les limites de cette décision

Elles sont en fait de trois ordres : scientifique, réglementaire et politique.

 

D'un point de vue scientifique, la décision unilatérale de l'ANSM ne repose sur aucune étude portant sur la dangerosité supposée des encres de tatouage...pour la simple et bonne raison qu'aucune étude de ce type n'a été menée en France !!!

Quel dommage de ne pas avoir profité des 12 années séparant l'arrêté du 6 février 2001 de celui du 6 mars 2013 pour tenter d'étayer une argumentation scientifique inexistante !!!

Et la position des dermatologues me direz vous ?! D'abord cette position n'est pas unanime dans la profession (cf. la position du professeur Nicolas Kluger, dermatologue spécialiste des questions de tatouage) et elle est loin d'être objective !!! Sans faire de procès en mauvaise intention (en 2000, l'Académie Nationale de Médecine, dans son dictionnaire de psychiatrie, classe le tatouage dans la sphère des perversions et des maladies psychiatriques !!!), ceux-ci ont une vision altérée du tatouage. Il est quand même extrêment rare que des personnes tatouées viennent spontanément exhiber des tatouages sans complication devant un dermatologue !!!!

Et les dangers listés par ces dermatologues ne concernent pour la plupart nullment la qualité des encres utilisées (cf. document calaméo ci-dessous) mais bien des problèmes liés à la procédure en elle-même...procédure encadrée par la loi, telle que recommandée par les dermatologues, depuis mars 2008.

 

D'un point de vue réglementaire, la décision de l'ANSM, si elle rentre en application, entrerait en contradiction avec la réglementation européenne (cf. lettre du SNAT du 17 septembre 2013).

Hormis la France, tous les pays enropéens se réfèrent au règlement CE n° 1223/2009 pour autoriser ou interdire les encres de tatouage. Les encres sont autorisées après validation par un laboratoire allemand certifié et accrédité par Bruxelles (le Chemical-Technological Laboratory).

La France, en interdisant des encres par ailleurs autorisées dans le reste de l'Union Européenne, se mettrait ipso facto en contradiction avec l'article 9 du règlement européen précédemment cité, article concernant la libre circulation des produits.

 

D'un point de vue politique, une telle décision est un non-sens ! 

L'objectif de santé publique, louable et respectable, à l'origine de l'arrêté de l'ANSM ne sera pas atteint ! Bien au contraire !!!

Restreindre sans fondement l'utilisation des encres, favorisera l'implantation de salons de tatouage clandestins dans lesquels les problèmes de contamination se multiplieront. Aujourd'hui déjà, les cas de complications graves proviennent majoritairement de ce type de "tatoueurs" exerçant leur "art" à domicile.

Quand on sait qu'1 français sur 10 est tatoué (source INSEE), cette décision ferait encourir des risques sanitaires graves à une grande part de la population française.

Dans un autre registre, plusieurs milliers d'emplois seront directement ou indirectement menacés si cette interdiction entre en application. On ne peut décemment pas laisser une nouvelle casse sociale se préparer dans l'indifférence générale.

 

En conclusion

On ne peut que se joindre au Syndicat National des Artistes Tatoueurs dans sa lutte contre l'interdiction programmée des encres de tatouage.

Loin de réfuter l'idée d'une réglementation permettant de limiter les risques liés au tatouage, le SNAT se bat aujourd'hui pour la survie d'une profession en constante évolution, dans la coopération avec les différentes instances nationales.

L'interdiction prévue au 1er janvier 2014 doit être annulée.

La législation française doit se mettre en harmonisation avec le règlemant européen CE n° 1223/2009

De véritables études scientifiques doivent être menées pour qu'enfin la vision rétrograde de l'Académie Nationale de Médecine concernant le tatouage ne soit plus la pierre angulaire de toute politique sanitaire dans ce domaine.

Page 357 du Dictionnaire de Psychiatrie avec la définition de "tatouage"

Page 357 du Dictionnaire de Psychiatrie avec la définition de "tatouage"

Commenter cet article
C
Très bon article! Et ravie que mon bras illustre tes propos ! :-)
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P
Très joli bras !!!!!
F
la parole aux tatoueurs,avec Joe Capobianco<br /> http://youtu.be/xS1xv9eFwdg
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O
Et la cigarette on en parle? Je suppose que cela en rapporte moins à l'état tout simplement le tabac c'est presque de la taxe normal!
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D
Je vais surement me faire incendier mais dire &quot;j'ai un tatouage je suis en parfaite santé&quot; n'a pas de rapport avec le projet d'interdiction des couleurs dans les tatouages. C'est pour leurs effets cancérigènes qu'ils sont mis en doute. C'est comme dire &quot;je fume, je suis en parfaite santé&quot; oui, pour le moment ! et c'est vrai que l'emploi est plus important que la santé des français... je dirais plutôt qu'ils sont tous les deux sur un même pied d'égalité.<br /> Rassurez vous je suis sûre qu'ils trouveront d'autres produits pour remplacer ceux actuels et très vite !
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P
Non, les encres ne sont pas incriminées pour leurs effets cancérigènes. Même l'ANSM l'admet aujourd'hui, il n'y a aucune corrélation constatée entre les encres de tatouage et l'apparition de cancer. <br /> Quant à l'opposition à cette interdiction, elle repose sur des questions de santé publique justement (cf. Les limites politiques). Cette décision favorisera la clandestinité des tatoueurs...avec aucun contrôle du coup sur la qualité des encres utilisées et sur la conformité des procédures avec la réglementation de mars 2008 (hygiène des procédures de tatouage et de piercing). <br /> Je me répète : l'interdiction est un non-sens politique !!!!<br />
K
C'est quand même dingue d'être aussi débile.
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